La Fille aux rubans bleus
Yedwart Ingey
Distribution
Mise en scène : René Loyon
Collaboration artistique : Yedwart Ingey
avec :
PIERRE DELCROIX, Capitaine au 3ème R.I.C. 50 ans, puis 75 ans
Jean-Claude Durand
LOUISE DUPONT, 45 ans
Yedwart Ingey
MARIE DUPOND, 15 ans, puis 40 ans
Marie Delmarès
PIERRE DELCROIX FILS, 24 ans
Olivier Werner
Décor et Images : Vincent Tordjman
Lumières : Laurent Castaingt
Son : Françoise Marchesseau
Costumes : Nathalie Martella
Maquillages/Coiffures : Sandrine Roman
Direction technique : François Sinapi
Construction du décor : Atelier Marigny
Production Compagnie RL – Théâtre de la Ville, Paris
Ce spectacle bénéficie de l'aide à la création d'œuvres dramatiques du
Ministère de la Culture et de la Communication (DMDTS)
Remerciements à Frédéric Lebovitz éditeur
Et à KOKA Média.
Le texte est paru aux Editions de l'Avant-scène Théâtre
Note d'intention
Quand je travaillais à la préparation de la mise en scène de La Fille aux rubans bleus apparaissaient sur nos écrans de télévision les faces réjouies de soldats américains torturant des prisonniers irakiens. Comme tout le monde, j'imagine, j'ai été frappé par le contraste entre l'ignominie de ces actes et l'air de parfaite normalité de ceux qui s'y livraient. Et comme tout le monde, j'imagine encore, je me suis senti, une fois de plus, happé par le vertigineux mystère du mal. Celui-là que Hannah Arendt, par exemple, essayait de cerner dans « Le Procès Eichmann ». Comment en vient-on à la barbarie ? Comment un être humain ordinaire peut-il arriver à une négation si radicale de l'humanité de l'autre ?
Ces questions, précisément, traversent la pièce de Yedwart Ingey. Mais d'une façon singulière qui touche infiniment. Loin de toute rhétorique de la dénonciation ou de la prédication, il raconte d'abord une histoire « intime », celle du fiasco qui suit l'étrange rencontre amoureuse entre Marie, 15 ans, et Pierre, 50 ans, capitaine dans l'infanterie coloniale. Celui-ci - en guerre contre le viet-minh, nous sommes au début des années 50 – se révèlera brutal, cynique, apparemment sans scrupules. De cette union naîtra néanmoins un enfant, prénommé Pierre comme son père. Mal aimé, abandonné par sa mère, rejeté par son père, nous le verrons à l'âge adulte tenter d'y voir clair dans sa propre vie, se « reconstruire », comme on dit aujourd'hui.
Cette guerre en pays lointain, un peu oubliée malgré la récente commémoration de la défaite de Dien Bien Phu, joue pourtant un grand rôle dans notre histoire nationale. Elle est le trait d'union entre la seconde guerre mondiale et la guerre d'Algérie. Et elle concentre, jusqu'à la caricature, toutes les tares constitutives du système de domination coloniale.
Celui-ci, et son intolérable injustice, n'est pas dans La Fille aux rubans bleus une simple toile de fond exotique : il est présent dans les têtes et les corps, commande les conduites, suscite les révoltes, provoque la violence et avilit les âmes. C'est le terreau même des racines de la haine. Et c'est cela la grande force du texte de Yedwart : lier indissociablement l'histoire familiale et ses conflits oedipiens au cauchemar de la guerre coloniale ; le psychisme et la politique.
Dates
Paris - Théâtre des Abesses
09 Mars 2005 au 02 Avril 2005